Sede Vacante 1644


July 29, 1644—September 15, 1644

Instructions for Ambassador Nicolas Bretel, Sieur de Grémonville

(Paris, December 16, 1644)


Negociations à la Cour de Rome, et en differentes Cours d' Italie, de Messire Henri Arnauld, Abbé de S. Nicolas, depuis Evêque d' Angers (1743), pp. 21-124:

 

INSTRUCTION au Sieur  DE GRÉMONVILLE, Conseiller du Roy en son Conseil d' État, nomme par SA MAJESTÉ son Ambassadeur à Venise, s' en allant présentement trouver NÔTRE SAINT PÈRE LE PAPE.

Le Roy ayant sçu la nouvelle de l' assomption au Pontificat de M. le Cardinal Pamphilio avec des circonstances peu avantageuses à la dignité de cette Couronne, puisque par le manquement de plusieurs de ses Ministres, qui avoient en ce rencontre la direction de ses intérêts, on avoit élevé un sujet contre les ordres précis, que Sa Majesté leur en avoit donnés pour les considérations qui seront ci-dessous déduites, Sa Majesté jugea d' abord devoir faire choix de quelque personnage de condition et de suffisance, pour le charger de tous les ordres qu' Elle étoit obligée de donner en cette occurrence, pour rétablir sa réputation, qui y avoit été notablement blessée, et jetta pour cet effet les yeux sur le Sieur de Grémonville, Conseiller en son Conseil d' Etat, qu' Elle avoit déja destiné son Ambassadeur à Venise, après le retour du Sieur Deshameaux, pour l' entiére confiance qu' Elle avoit en son affection et en sa capacité, dont Elle avoit tiré diverses preuves en plusieurs emplois importans qui lui ont été confiés dedanz et dehors le Royaume.

L' envoi dudit Sieur de Grémonville a été quelque temps retardé, parce que Sa Majesté, pour faire dresser avec plus de fondement ses instructions, a voulu voir auparavant quelle conduite tiendroit Sa Sainteté envers la France, et quel train prendroient les Affaires de rome; mais maintenant son Voyage se trouve d' autant plus nécessaire et plus pressé, que Sa Majesté s' est résolue de rappeller de cette Cour-là le Marquis de Saint-Chamont, son Ambassadeur, et que le Sieur Comte du Plessis-Praslin, qu' Elle a choisi pour remplir cette place, est encore en Piémont, et devant venir ici pour préparer son Equipage et recevoir les Ordres de Sa Majesté, avant que de passer outre, il n' est pas en état de pouvior se rendre à Rome aussi promptement qu' il conviendroit.

Sa Majesté desire donc que le Sieur de Grémonville s'y en aille en la plus grande diligence qu'il lui sera possible; mais avant que de lui prescrire les choses qu'il aura à y traiter, pour son service, Elle estime devoir l' informer succintement de tout ce qui s' est passé sur le sujet du Pape, tant avant qu' après sa Création, afin qu'il puisse mieux régler sa conduite, et prendre ses résolutions dans les conjonctures qui arriveront.

M. le Cardinal Pamphilio commença ses emplois par la Nonciature de Naples, puis fut fait Auditeur de Rote: delà il vint en France, auditeur de la Légation de M. le Cardinal Barberin, après envoyé Nonce en Espagne où il a été promû au Cardinalat.

Dans l' origine, la France n' avoit aucun sujet de méfiance ni d' aversion pour son avancement, d'autant plus que le feu Cardinal son oncle, avoit toujours bien vêcu avec Nous.  La Nonciature d' Espagne, qu'il avoit éxercée, n'étoit pas un motif d' exclusion, ainsi qu'il a bien paru en la personne de M. le Cardinal Sachetti, que l'on desiroit avec passion de voir élever, quoiqu'il ait été son successeur dans le meme emploi.

Le Roy s'est laissé insensiblement engagé à être contraire audit Cardinal, à la sollicitation de M. le Cardinal Antoine; et voici l'Histoire du fait.

Le Cardinal Antoine ayant près de lui, et plus avant dans ses bonnes graces qu'aucun autre, le Sieur Gualtieri, neveu du Cardinal Pamphilio, et extrêmement chéri de lui, l' éloigna de sa personne avec quelqu' espece de honte, et le fit chasser de Rome, pour s' être servi des Estafiers dudit Cardinal, à maltraiter une personne qui l'avoit faché.

M. Le Cardinal Pamphilio dissimula cet affront, comme si ç'eût été une bagatelle que son neveu se fût attiré sur lui avec justice.  Mais quelques personnes qui avoient pouvior sur l' esprit du Cardinal Antoine, lui persuaderent qu' il devoit dès-lors regarder Pamphilio comme l' ayant offensé, et comme couvant dans l' ame sa vengeance, pour s'en ressentir, si jamais il en avoit occasion.

Le Cardinal Antoine, assez susceptible d' ailleurs de toutes les impressions qu'on lui veut donner, n'eut pas peine d'ajouter foi à ce soupçon, et dès-lors considéra le Cardinal Pamphilio comme son ennemi, et ne feignoit point de déclarer hautement qu'il ne consentiroit jamais à son élévation.

Quelque temps après l' occasion arriva que Sa Sainteté jetta les yeux sur le Cardinal Antoine, pour lui donner la comprotection des affaires de France, dont s'étoit volontairement démis M. le Cardinal Bentivoglio.  Il fut ordonné au Sieur Duc de Crequy, lors Ambassadeur d' obédience à Rome [1633-1634], de négocier avec Sa Sainteté pour lui faire agréer la chose.  Les Espagnols firent tous les efforts dont ils purent s' aviser pour en traverser la conclusion; et M. le Cardinal Antoine fit donner part à Sa Majesté par ledit Sieur Duc de Crequy, que la personne dont ils se servoient le plus, pour y faire naître des obstacles, étoit M. le Cardinal Pamphilio, lequel suggéroit, par l'entremise de M. Menzirolle, les motifs contraires au Pape et au Cardinal Barberin, et éxagéroit les raisons qui devoient empêcher  Sa Sainteté d'y consentir.

A cela ledit Cardinal Antoine ajouta qu' acceptant l' honneur que lui vouloit faire Sa Majesté, il ne vouloit pas tromper la France, et se sentoit obligé de dire franchement l'engagement où il étoit contre le Cardinal Pamphilio, à l' élévation duquel il ne concourreroit jamais, le tenant pour son ennemi; que d' ailleurs le Roi ne feroit que son service propre quand il entreroit en cela dans ses sentimens, puisque le Cardinal Pamphilio avoit donné entierement ses affections et ses inclinations à l'Espagne, et que même c'étoit lui qui, pour plaire et servir cette Couronne-là, faisoit naître toutes les difficultés qui se rencontroient à la conclusion de l' affaire de la comprotection, laquelle étoit alors sur le tapis.

Qu' il supplioit Sa Majesté, puisqu' il vouloit aveuglément se donner au service de cette Couronne, de vouloir aussi lui faire l' honneur de le protéger dans ses interêts particuliers, d' autant plus qu' à le bien prendre, Sa Majesté, disoit-il, ne l' y avoit pas moindre, ledit Cardinal Pamphilio étant absolument attaché au parti contraire.

Depuis il n'a cessé d' exagérer par-deçà la même chose par le moyen des Ambassadeurs de Sa Majesté en toutes rencontres, pour confirmer et s' assurer entierement de l'exclusion de Sa Sainteté de la part du Roi, à quoi Sa Majesté donna les mains et y persista après, ne voulant pas d' ailleurs que ledit Cardinal Pamphilio prît les soins qu'il auroit pu de la détromper et de lui persuader qu'il avoit affection pour cette Couronne.

Voilà le veritable état de toutes choses avant la clôture du Conclave, où le Cardinal entra avec une si ferme résolution d' être contraire à l'exaltation de Pamphilio, non seulement pour en avoir eu les ordres de la France qu'il avoit procurés, mais comme étant son ennemi particulier, qu'il eut le soin de tirer une promesse par écrit du Cardinal Barberin, par laquelle il s'obligeoit de ne souffrir jamais qu'on parlât dudit Cardinal Pamphilio que de son consentement.

Le Roi, qui s'y trouvoit engagé à sa considération, se reposoit cependant sur cette assurance et sur celles qu'il faisoit continuellement donner à son Ambassadeur, lorsqu' on vit arriver un Courier extraordinaire avec de nouvelles propositions pour porter Sa Majesté à consentir à l' exaltation de Pamphilio, qui consistoient à peu près au mariage de Dom Camille avec la fille du Préfet.

    Que le P. Maître du sacré Palais sereiot fait Cardinal sans la nomination du Roi.

    Que toute la Maison Barberine se mettroit ouvertement sous la protection de Sa Majesté.

    Outre quelques autres graces peu considérables que Sa Sainteté devoit faire à cette Couronne.

Ces propositions surprirent d' abord, parce qu'on reconnut l' instabilité de l' esprit du Cardinal Antoine qui en parloit déja avec autant de chaleur, que son interêt propre et sa conduite passée requéroient qu'il y eût de l' aversion.  Néanmoins on ne s'en mit pas tant en peine, parce que le Marquis de Saint-Chamont, qui ne laissoit pas dès-lors d'y adhérer en quelque façon et tèmoigner d' être un peu persuadé pour les avantages que l'on offroit, envoya néanmoins la copie d'un Billet dudit Sieur Cardinal, par lequel il le faisoit assurer qu'on pouvoit vivre avec toute quiétude d' esprit, et que quelques propositions qui eussent été mises en avant, les ordres de Sa Majesté ne seroient point violés, parce qu'il ne consentiroit jamais qu'avec la permission de Sadite Majesté à l' élévation de Pamphilio.

Cependant, à quelques jours de-là, avant que le même Courier pût être de retour à Rome avec les réponses de Sa Majesté, on en vit arriver ici un autre portant la nouvelle de la création du Pape.

Il n'y eut personne qui ne détestât d'abord au dernier point l'action du Cardinal Antoine; et Sa Majesté remettant à régler le reste de sa conduite suivant celle que tiendroit Sa Sainteté envers cette Couronne, résolut cependant, pour réparer la brêche faite à sa reputation, de faire une démonstration publique contre ledit Cardinal, lui òtant la protection des affaires de ce Royaume, et écrivant à son Ambassadeur une lettre dont on remet la copie au Sieur de Grémonville, qui contenoit assez au long tout ce qui s' étoit passé, et exposoit au jour toute la conduite et les manquemens dudit Cardinal.

Quelques jours après cet ordre parti, M. Le Nonce presenta à Leurs Majestés des lettres écrites de la main de Sa Sainteté, par lesquelles Elle leur donnoit part de son assomption au Pontificat et les assuroit de son affection paternelle avec beaucoup de cordialité, témoignant grand desir d' avoir moyen de faire des graces à cette Couronne, et que les effets donneroient à connoître cette vérité en toutes rencontres. Sur quoi ledit Sieur Nonce, en éxécution des ordres particuliers qu'il avoit de Sa Sainteté, s'étendit encore davantage, et protesta, avec les termes les plus obligeans qu'il se peut, que jamais il ne se présenteroit d' occasion où Sa Sainteté pût faire paroître son affection pour la France, qu'il ne l' embarassât de tout son pouvoir, et qu'il nous temoigneroit tant de partialité, qu' il demontiroit bientôt tous les bruits qu'on avoit fait courir de son inclination pour l'Espagne.  Ledit Sieur Nonce parla ensuite à M. le Cardinal Mazarin au même sens, lui témoignant de la part de Sa Sainteté une particuliere bonne volonté pour sa personne.

On reçut aussi avis de Rome de beaucoup d'endroits, et particulierement de M. le Cardinal Bichi et d' autres, personnes affectionnees a la France, que Sa Saintete ne cessoit de parler a tout le monde en cette conformite, avec des expressions tres-vives et tres-obligeantes.

Enfin tous unanimement écrivirent que l'on devoit ajouter foi aux protestations du Pape, parce qu'étant fort judicieux et fort prudent, il connoissoit bien qu'il y alloit de son interêt propre de dissiper tous les bruits qui avoient couru de son inclination au parti contraire, ne pouvant jamais rien faire de glorieux en son Pontificat, s'il ne tenoit l' equilibre et n'attiroit al confiance des Couronnes, en se rendant également agréable à toutes les deux.

Leurs Majestés prirent résolution là-dessus de répondre avec le respect et la dévotion dûe à la personne de Sa Sainteté, et professée de tous temps par les Rois leurs Prédécesseurs, et par Elles envers le Saint Siége Apostolique; protestans en outre de prendre entiere confiance dans les assurances que Sa Sainteté leur avoit fait donner de sa bonne volonté et propension à favoriser aux occurrences les interêts de la France, et de ne douter point qu' après tant de bonnes paroles, Elles ne reçussent bientôt quelques marques de la bienveillance de Sa Sainteté à l'avantage de cette Couronne.

Dans ce même temps le Cardinal Antoine croyant rejetter sa faute, et par conséquent le ressentiment de Sa Majesté sur autrui, chargea Dom Alessandro Fabry, Secrétaire de M. le Cardinal Mazarin, qui s' en revenoit à la Cour, de la copie de divers Billets dont il fit reconnoître et confronter les originaux audit Dom Alessandro, écrits pendant le Conclave par le Marquis Santo-Viti au Cardinal Theodoli son frere, sur la négociation qu'il avoit eue avec le marquis de Saint-Chamont, Ambassadeur de Sa Majesté, pour le porter à consentir à l' éxaltation du Cardinal Pamphilio. Par la copie desdits Billets qu' on remet à toutes fins au Sieur de Grémonville, il reconnoîtra qu'il ne se peut rien ajouter à la faute de ceux qui y ont eu part, lesquels pendant plusieurs jours ont traité une affaire de cette nature d'une maniere tout-à-fait extraordinaire, soit pour la désobéissance notoire d'un Ministre du Roi aux ordres qu'il avoit reçus de la conduite qu'il devoit tenir, soit pour y avoir preté l'oreille, chatouillée par ses avantages particuliers.

Mais comme cette faute ne justifie pas le procédé du Cardinal Antoine, et qu' au contraire la connoissance qu'il a eue de la volonté du Roi et ensuite de ces négociations, ausquelles en faisant son devoir, il étoit tenu de s'opposer de toutes ses forces, aggrave encore son manquement par le consentement qu'il y a donné;  Sa Majesté n'a pu rien changer en la résolution qu' Elle avoit rise sur le sujet dudit Cardinal; et seulement Elle a été obligée de lui donner des compagnons dans le ressentiment qu'Elle en a fait, en rappellant le Marquis de Saint-Chamond de son Ambassade, et faisant déclarer au Cardinal Theodoli et à son Frere qu' Elle ne les considéroit plus pour serviteurs de cette Couronne: ce que ledit Sieur de Grémonville verra plus particuliérement dans la lettre de Sa Majesté au Sieur du Nozet [Auditor of the Rota], dont on lui baille la copie.

Le plus sensible déplasir que Sa Majesté ait eu sur le sujet de ces Billets, c'est pour l'interêt qu'y a Sa Sainteté; et c'est ce que ledit Sieur de Grémonville prendra quelqu' occasion de lui faire bien connoître.  Et quand les diligences qui ont été faites par de-là, pour retirer les billets, n'eussent rendu la chose publique, Sa Majesté se seroit résolue de l'étouffer entierement et de dissimuler jusqu'au bout, à sa considération, le manquement de l' Ambassadeur et de la Maison Theodoli, n' imitant pas en cela la mauvaise conduite du Cardinal Antoine, qui a eu si peu d'égard à l' interêt de Sa Sainteté, qu' il a voulu absolument qu'un chacun en ait connoissance, quoiqu' elle ne contribue rien à sa justification, mais plutôt qu'elle accroisse sa faute, pour y avoir eu tant de part.

Aussi ne se peut-il rien ajouter a l' applaudissement universel qu' a eu la déclaration de Sa Majesté contre ledit Cardinal, dont de tous endroits Elle reçoit chaque jour des conjouissances et des éloges.  Sa Sainteté meme, lorsque le Sieur du Nozet lui en dit la nouvelle, témoigna bien comprendre que Sa Majesté ne pouvoit en user autrement, et ne s'en trouva nullement surprise. La Signora Dona Olimpia et M. le Cardinal Pamphilio [Camillo Francesco Maria Pamphili, created on November 14, 1644]  n'ont pu s'empêcher de faire éclater au dehors la joie intérieure qu'ils en ont eue; et on sçait que ledit Cardinal a porté long-temps sur lui la lettre de Sa Majesté à son Ambassadeur, et l'a lue avec un satisfaction extraordinaire à ses confidens. Sa Saintete même l'a montrée à diverses personnes, apostillée de sa main aux entroits où Sa Majesté parloit à son avantage.

Sa Majesté a estimé devoir donner conniossance au Sieur de Grémonville de toutes ces particularités, afin qu'il sache mieux ce qu'il aura a repondre, si on lui parle encore d'une negociation à laquelle les Cardinaux Spada et Penzirolle ont voulu depuis engager Sa Sainteté pour raccommoder les Barberins avec cette Couronne.

Comme ces deux Cardinaux ont été les deux personnes qui ont le plus contribué à jetter le Cardinal Antoine dans la disgrace où il se trouve; ce sont aussi quasi les seuls qui ont murmuré contre la résolution de Sa Majesté; et tant pour témoigner aux depens de la France leur gratitude à la Maison Barberine, que pour autoriser toujours cette faction, afin qu' elle soit plus capable de les servir dans les prétentions que chacun d'eux peut avoir au Pontificat, ils ont essayé de persuader au Pape que le Cardinal Antoine s'étant perdu à sa considération, son honneur étoit en quelque façon engagé de rétablir le Cardinal dans les bonnes graces de Sa Majesté; et pour toucher davantage Sadite Majesté ils ont mis en jeu une chose dont ils sçavent qu'Elle a grande passion, qui est l' avancement du P. Maître du sacré Palais [Fr. Michele Mazzarino, OP], et ont procuré que Sa Sainteté a offert de le faire Cardinal à la premiere promotion, pourvu qu'on veuille rendre la protection au Cardinal Antoine, ou en tout cas au Cardinal Barberin qui promet de servir la France avec toute sorte de sincérité.

Cette proposition fut faite audit P. Maître du sacré Palais, que lesdits cardinaux firent tout leur possible pour obliger à faire un voyage en France pour la negocier; mais l'une et l'autre furent très prudemment rejettées par ledit P. qui protesta ne vouloir traiter une affaire où l'on prétendoit mêler son interêt et ses avantages avec une chose préjudiciable à la dignité de cette Couronne.

On a ecrit au long audit P. [Cardinal Mazarin to Fr. Mazzarini, November 25, 1644] les raisons qui doivent faire desister le Pape de cette instance, et quoiqu' on n'estime pas que ledit Sieur de Grèmonville ait plus rien à faire sur ce sujet, on ne laisse pas de lui en mettre ici la substance en peu de mots:

Que les grands Rois ne font pas des Déclarations publiques de cette importance pour les rétracter après légerement, quand elles ont été résolues avec mure délibération et entiere justice.

Que Sa Sainteté a trop de prudence et de connoissance des affaires du monde pour ignorer que nous ne pouvons y consentir sans déchet de réputation.

Que la condition qu'on propose du Cardinalat du P. Maître du sacré Palais serviroit plutôt de motif pour en empêcher l' effet que pour l' avancer, puisque pour rien du monde M. le Cardinal Mazarin ne permettroit pas qu' on conseillât à Sa Majesté d' accepter quelque avantage que ce pût être pour sa Maison ou pour sa personne, quand il iroit du moindre préjudice imaginable à la dignité du Roi, pour laquelle il seroit bien plus aise et plus prêt de sacrifier ce qu'il a de bien et de vie.

Qu' après tout, si Sa Sainteté persistoit plus long-temps, à l' instigation desdits sieurs Cardinaux Spada et Penzirolle, a poursuivre cette negociation, on auroit lieu de croire deux choses: l' une que lesdits Cardinaux y ont des fins cachees, et qu' ils veulent faire naitre des occasions de degout et de mauvaise satisfaction entre le Pape et le Roi, puisqu' on demande a Sa Majeste ce qu' elle ne doit ni ne peut accorder sans perte de reputation; et l'autre qu' ils veulent concilier a cette Couronne la haine de tous les Princes, en se dechargeant sur Sa Majeste de la protection d'une Maison, dont presque tous ont conjure la ruine.

Par ce que dessus, ledit Sieur de Grémonville sera à peu près informé de tout ce qu'il doit sçavoir du passé, pour avoir moyen de bien régler sa conduite à l' avenir.....

... On ne juge pas necessaire de particulariser au sieur de Grémonville ce qu'il aura à repondre à Sa Sainteté, au Cardinal Pamphilio et aux autres qui pouroient lui parler des demonstrations faites par Sa Majesté contre le Cardinal Antoine, contre le Marquis de Saint-Chamont et la Maison theodoli. Le récit au vrai qu on a fait ci-dessus de tout ce qui s'est passé, et les lettres écrites par Sa Majesté au sieur de Saint-Chamont et au sieur du Nozet, lui fourniront assez de raisons pour faire avouer à Sa Sainteté même, dont la prudence est extrême, que Sa Majesté ne pouvoit, sans laisser par terre sa réputation et la dignité de cette couronee, en user autrement qu' Elle a fait.....

 


It must be kept in mind that this narration is the official story which the French ambassador is supposed to use to bring Pope Innocent X (Pamphili) around to a more favorable attitude toward the French monarchy.  It is a diplomatic story, not history.  It is made to seem that Cardinal Antonio Barberini is the principal, if not the sole, cause of France's wanting to exclude Pamphili from the Papacy.  The circumstances and the reasons that caused Cardinal Barberini to extract a pledge during the Conclave not to speak of the Pamphili candidacy outside of his presence are either misunderstood or misrepresented.

The mission of de Gremonville was already announced publicly in a letter to the Marquis de Saint-Chamont, published in Paris on October 4, 1644.

 

 

link to documents on  papal  election-1644

April 21, 2014 10:28 PM

©2014 John Paul Adams, CSUN
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