SEDE VACANTE

(April 27, 1605—May 16, 1605)



F. Petruccelli della Gattina, Histoire diplomatique des conclaves Volume II (Paris: 1864), p. 481-485 [tr. Petruccelli]:

 

Cav. Belisario Vinta to the Grand Duke Ferdinand I of Tuscany
after the conclusion of the Conclave
(May 17, 1605)

Monti nous a raconté tous les incidents du conclave. L’affaire de Camerino avait jeté un soupçon entre Montalto et ceux de la ligue. Ils étaient d’accord qu'eux excluraîent Camerino et que Montalto exclurait Como. Mais on avait découvert une entente entre Montalto et Aldobraudino. Celui-ci aurait essayé Camerino, et, ne réussissant point, Montalto aurait accepté une créature de Clément VIII. Il déplut à ceux de la ligue que Montalto eut pris cet engagement à leur insu. Et pent·étre, vraiment, Montalto l’avait pris. Mais Aldobrandino l'avait trompé, car, ayant promis vingt—deux votes, il n'en porta que huit ou dix, en s'excusant de n’avoir pu déterminer les autres. Montalto ne se tint plus alors pour lié en quoi que ce fût envers Aldobrandino. L’affaire fut étouffée, et la confiance de la ligue en Montalto n'en fut pas ébréchée. Mais il s’apercevait que les Espagnols, conservant une rancune de l' élection de Firenze, voulaient lui jouer un tour — accoccargliene una anche a lui — On entame San Clemente avec ardeur. Aldobrandino espérait, car Français et Espagnols concouraient à l'élection de ce cardinal. Cela redoubla le soupçon de Montalto. Il convoqua ses amis et organisa l’exclusion de San Clemente, sans les Espagnols. Aldobrandino rassembla aussi les siens, et l’on vota la convention que l’ on sait. Sauli perdait des votes tous les jours. On remarquait l' obstination et la puissance d'Aldobrandino. On songea à Tosco, pour lequel se décidèrent les Français et les Espagnols, de peur d’un pape exclu par eux. Ayant perdu l’espoir d`une créature de Montalto, Santa Cecilia et Farnese acceptèrent Tosco, si Montalto lui-même l'acceptait. Ce dernier resta en suspens et rêveur. Monti prenait Tosco, le sachant désiré par Votre Altesse. Montalto lui fit savoir que ce cardinal ne lui allait guère. Monti se rendit chez lui et lui dit que, s’il ne tenait pas une exclusion sûre dans ses mains, ce qu'il avait de mieux à faire, c’était d' agréer Tosco au plutôt, avec Santa Cecilia et Farnese, car déjà.  Visconti, Parravicino et autres avaient engagé leur vote en faveur de ce cardinal. Farnese et Santa Cecilia, d`autre part, insistaient pour que Montalto se décidat à quelque chose, car ils resteraient avec lui s’ils croyaient une exclusion possible. Montalto fit ses comptes; il ne trouva pas le nombre nécessaire pour écarter Tosco. Il prit alors la décision d’accepter, et tenant Monti et Farnese par la main, accompagné par les ligueurs, suivit Aldobrandino, qui se dirigeait vers la chapelle pour aller adorer Tosco.

Mais ce qui fut de mauvais augure, c'est que, au lieu d’amener Tosco à la Pauline , chapelle de l`inclusion, on le conduisit à la Sixtine, chapelle de l’exclusion. Etant en marche, Baronio va à la rencontre de la compagnie; il ôte sa barrette et dit : « Messeigueurs Illustrissimes Aldobrandino et Montalto, prenez garde à. ce que vous faites. Cet homme ne plait pas à Dieu; n’agissez pas contre la conscience. Je ne l'adorerai que lorsqu'il sera élu, et je noterai dans mes Annales qu’il fut élu contre la volonté de Baronio. »  Montalto soupçonnait que, bien que Farnese et Santa Cecilia se fussent offerts à lui pour l'exclusiou, ils s’étaient concertés en secret avec Aldobrandino et les Espagnols pour, en dépit de lui, nommer Tosco. Aux paroles de Baronio, Montalto fort ému murmure : « Faisons pape Baronio! »  Baronio s’écrie à son tour: « Je ne veux pas; mais on ne doit pas non plus nommer ce Tosco. » Les cardinaux commencent à s'ébranler. Baronio et Montalto s'en vont à. la Pauline, avec la plus grande partie des créatures et d’autres pour frapper l'exclusion. Serafino, avec la majorité des Français, le suit. Valentele prend parle bras et veut le tirer à la Sixtine, tandis qu'un autre, de la suite de Montalto, le saisit de I'’autrebrasetl’entraIne versla Pauline. Et comme Serafino avait les bras couverts de cautères, il criait comme un damné qu’on le tuait. Monti arrive, le délivre de Valente et l’amène à la Pauline. Sur cela, beaucoup de monde s’insurge et crie : « C’est de la violence! c’est de la violence! » et dans la mêlée, en se tirant qui d‘un côté et qui de l’autre, celui-ci pour aller grossir l‘exclusion, celui-là pour aller à l’inclusion , des cardinaux tombent les uns sur les autres, et plusieurs rochets sont déchirés. Cela commença à dix-huit heures et dura jusqu’à deux heures de la nuit, lorsque l'on fit pape Borghese.

Et réfléchissez que Montalto se tenait dans la Pauline sans l’exclusion complète. Pinelli et Ascoli se trouvaient dans la Sixtine et les inclusionnistes ne voulaient pas les laisser sortir : tandis que Visconti était dans la Pauline avec Parravioino, qui, ayant promis à Tosco, voulait aller de toute façon, malgré la résistance des autres. Les Français, moyennant Serafino, restent fermes; mais ils déclarent que, ayant pitié de Montalto, ils s’abstiendront jusqu’au lendemain, après quoi ils porteront leurs votes à Tosco.  Montalto, les larmes aux yeux, recommandait qu'on ne l' abandonnàt point. Il ne manquait à Tosco qu’un seul vote. Il envoya son secrétaire à Monti, en disant qu’il était serviteur de Votre Altesse, et priant que Monti le fit pape.   Monti répondit qu’il ne pouvait manquer de parole à Montalto. Celui-ci, au désespoir, alla jusqu'à s’humilier auprès d' Aldobrandino, afin qu’il ne causât pas sa ruine et proposàt toute autre de ses créatures: qu’il l’accepterait. Aldobrandino s’enoouragea à. nommer San Clemente, qu’il préférait à Tosco. Mais Monti dit à Montalto que c'était une indignité et une folie... Montalto n’aurait pas voulu s'engager, mais il ne trouvait pas le moyen de l‘éviter. Alors Farnese va trouver Aldobrandino et lui dit: « Prenez garde de faire un pape ennemi de ma maison, car je vous déclare que, si vous faites cela, je commencerai à. m’en venger sur votre propre sang qui est chez moi; et, si vous cherchez à ruiner la maison Farnese, mon frère et moi nous saurons bien saisir l’occasion de ruiner la maison Aldobrandino. Aldobrandino s'abstint alors et envoya proposer Borghese à Montalto. Montalto accepta sur-le-champ. On estimait ce cardinal comme un homme habile; il ne s'est montré que soupçonneux, sans détermination, téméraire. La ligue ne croit plus en lui. Il est dangereux de baser sur cet homme toutes les négociations: il faut songer à l’ avenir. Nous allons soudoyer Panfili et Arrigoni.


 

link to documents on  papal  election-May, 1605



© 05/30/2014


June 1, 2014 4:01 PM

John Paul Adams, CSUN
john.p.adams@csun.edu

Valid HTML 4.01 Transitional
Valid CSS!

| Home | | Papal Portraits Home | | Medals Bibliography | | Other Conclaves | | Conclave Bibliography |