SEDE VACANTE

(April 27, 1605—May 16, 1605)



Berger de Xivrey (editor), Recueil des lettres missives de Henri IV Tome VI, 1603-1606 (Paris: Imprimerie Impériale 1853), pp. 433-434:

 

Henri IV, King of France, to Cardinal de Joyeuse

Response to Joyeuse's letter of May 19

(Paris, June 3, 1605)

A  MON COUSIN LE CARDINAL DE JOYEYSE,  PROTECTEUR DE MES AFFAIRES EN COURT DE ROME.

 

Mon Cousin,  

Si vous m'aviés bien servy au premier conclave, vous l’avés l`aict encore plus honorablement et heureusement en ce dernier, auquel je recognois que Dieu et son Sainct Esprit vous ont conduict comme par la main avec le cardinal Du Perron, assistez de mes aultres serviteurs, pour donner à l'Eglise de Dieu un pasteur si sainct, si vertueux et digue d`une telle charge, que est tenu de tous nostre Paul cinquiesme, a esté esleu du consentement de tous, vous ayant en ce bon œuvre rendu vray moderateur, depositaire et arbitre des contentions, vœux et resolutions de ceste sacrée compagnie. Par le moyen de quoy vous avés, à la face de toute la Chrestienté, non seulement confirmé et justifié la sincerité et integrité de mes intentions en cas semblable, qui est la chose du monde que fay le plus à cœur pour m’acquicter envers Dieu et les hommes du debvoir d’un Roy Tres Chrestien; mais avés aussy, en ce faisant, obligé, oultre le public, les principaulx du dict college à recognoistre les biens et advantages publics et particuliers que chacun d'eulx espere recevoir de ceste bien heureuse eslection, qui est tout ce que je pouvois desirer, et certes plus que je n’eusse osé esperer. Or, j’en loue et remercie Dieu de tout mon cœur; à luy seul aussy la gloire en est deûe comme de toutes autres felicitez que je possede. Mais ainsy que vous avés esté le principal instrument de cette derniere, croyés aussy que je vous en sçay le gré que la grandeur de ce signalé service et du contentement que j’en ay merite; ayant appris, par vostre lettre du xix du mois passé [May 19, 1605] (que j’ay receue par ce courrier le xxvii° d’iceluy) toutes les rencontres et advantures que vous avés eues en cette action, pour desquelles vous developper et sortir si glorieusement et advantageusement que vous avés faict, vous et le cardinal du Perron avés eu tout besoin, avec l`assistance du ciel, d’y employer la patience, prudence et generosité qui reluit en vous, chacune de ces vertus ayant faict son office en leur temps et ordre, tres à propos, ainsy que j`ay tres bien remarqué par le discours de vostre dicte lettre. Or, ayant sceu par celle que le s' de Bethune m’a escripte par le mesme courrier, qu’il partiroit de Rome huict jours aprés sans attendre son retour, j'estime qu`il se sera licentié de Sa Saincteté devant qu'il arrive par delà.

C’est pourquoy je vous prie de faire entendre à Sa Saincteté quel est le contentement que j'ay receu de son rassomption, en tels termes que vous jugerés estre plus à propos pour rendre ce compliment agreable à Sa Saincteté et l`affectionner davantage à m’aimer, luy disant qu'ayant les intentions convenables et decentes à un pere commun, telles que je suis informé qu’Elle a, je ne puis attendre et me promettre d'Elle et de son pontificat que toutes sortes de faveurs et de gratifications, et d'autant plus que je ne m’esgareray et departiray jamais aussy de celles que doibt avoir celuy qui vrayment est et desire estre tenu d’Elle pour le premier et plus devost fils qu’ayt le Sainct Siege, à l'exemple des Roys mes predecesseurs, et suivant les mesmes erres que j’ay tenues durant le pontificat du pape Clement huictiesme, que j’ay souvent preferé le bien et repos publicq de la Chrestienté à des advantages particuliers que la justice et le bonheur de mes armes me pouvoit faire esperer; que je suplie aussy Sa Saincteté de vouloir avoir en mon endroict la mesme confiance qu’avoit le deffunct, sans adjouster foy aux rapports et deguisemens de mes envieux, et moins en juger sans m’ouir; que je feray partir et rendre au plus tost aux pieds de Sa Saincteté celuy qui me doibt servir d’ambassadeur en place du dict s(ieu)r de Bethune, pour recevoir ses commandemens, y obeîr et luy rendre compte de toutes occurrences, comme faisoit au dict pape Clement le dict s(ieu)r de Bethune, ayant advisé de différer à escrire à Sa Saincteté par luy, puisqu’il doibt partir si tost. ll aura charge aussy de faire à l’endroict des cardinaux tous complimens necessaires.

Mais j’ay estimé ne debvoir retarder jusques là à respondre aux lettres des cardinaux Montalto et Justinian que j'ay receues par le dict courrier; allin de leur faire sçavoir combien m’a esté agreable que vous ayés peu en ceste occasion leur tesmoigner ma bonne volonté et l’estime que je fais de leur merite. Au reste, puisque vous avés si grand desir et besoin, tant pour vostre santé que pour pourveoir à l’eglise de laquelle vous avés nouvellement accepté la charge, de revenir par deçà, je suis content de preferer vostre contentement aux considerations de mon service, qui sont telles que je recognois que vestre sejour et presence par delà sont grandement necessaires, principalement jusques à l`arrivée de mon ambassadeur nouveau en sa charge, pour le guider et instruire en icelle selon l'estat que j'en avois faict. Toutesfois, je remets à vostre discretion d’en user pour la conservation de vostre personne et santé et vostre commodité particuliere, comme pour l'affection que je sçay que vous portés au bien de mes affaires, ainsy que vous jugerés estre pour le mieulx, approuvant que vous delaissiés au cardinal de Givry la charge de la protection de mes dictes affaires en vostre absence, puisqu'il l' a jà exercée et qu'il est le plus ancien cardinal françois qui soit par delà, esperant au reste que celuy du Perron suppleera en vostre absence à ·l'instruction de mon dict ambassadeur et à la direction de mes principales affaires avec sa suffisance et fidelité acoustumée. Je vous prie aussy luy deposer et confier en partant tout ce que vous ‘ sçaurés convenir et estre necessaire pour cest effect, en vous asseurant, au reste, que vous serés le tres bien venu et que je vous embrasseray de tres bon cœur quand je vous recevray. Je remets aussy à escrire par le dict ambassadeur aux freres du Pape, envers lesquels je vous prie faire cependant les offres et offices que vous estimerés estre à propos. Vous sçaurés, pour fin de la presente, que je n’ay receu vostre lettre du viii° du mois passé [May 8, 1605] que le susdict xxvii d' iceluy, qui fut le mesme jour que ce courrier arriva avec les particularitez du succés du dernier conclave. C’est pourquoy je ne vous escriray antre chose sur icelle, sinon que je loüe Dieu derechef de ce qui en est advenu; mais je suis tres marry de quoy le cardinal de Sourdis s'y est conduict ainsy qu'il a l`aict. ll est dillicile que la raison et les bienfaicts changent les humeurs et dispositions avec lesquelles les hommes sont nais et nourris. Je prie Dieu, mon Cousin, qu’il vous ayt en sa saincte et digne garde.

Escript à Paris, le iii jour de juin 1605.

HENRY.

DE NEUFVILLE.


 

 

link to documents on  papal  election-May, 1605


 



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June 4, 2014 12:30 PM

John Paul Adams, CSUN
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