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Berger de Xivrey (editor), Recueil des lettres missives de Henri IV  Tome VI, 1603-1606  (Paris: Imprimerie Impériale 1853),  pp. 423-424:

 

Henri IV, King of France, to Ambassador de Beaumont

Death of Leo XI

(Fontainebleau, May 8, 1605)

[À  M. DE BEAUMONT (AMBASSADOR IN ENGLAND)]

 

Monsr de Beaumont,  

Nous n'avons pas jouy long-temps du bon Pape que Dieu nous avoit donné, estant deceddé. dés le xxviie du mois passé [April 27, 1605], ainsy qu'ils escrivent, d'une pleuresie, de laquelle il fut surpris le xvii° ou xviii° d`iceluy, revenant de prendre possession de l' eglise de St-Jehan de Latran. Toute la Chrestienté y a grandement perdu, car il eust aimé et favorisé la paix publicque, de laquelle il avoit esté operateur, et affectionné les choses bonnes et honorables, ayant du courage, vrayement noble, accompagné de beaucoup de prudence et bonté. J' ay un regret extresme de sa mort, car, comme je cognoissois ses vertus et son merite plus que personne, je me persuade aussy qu'il aimoit ma personne, comme je prisois et cherissois la sienne. Or il faut prier Dieu qu'il nous en donne un autre. Que s’il n'egale du tout, au moins q’il approche de l`autre le plus que faire se pourra. Je m’asseure bien que les Espagnols desployeront ceste fois toute leur industrie et uissance pour regaigner à ce conclave la reputation et l' advantage qu'ils estimoient avoir perdu au premier. Mais j' espere que Dieu y pourveoira, comme le requiert le bien de son Eglise et de la Chrestienté; estant certain, s'ils pouvoient en faire eslire un qui feust du tout à leur devotion, qu’ils se serviroient de son nom et auctorité pour travailler leurs voisins avec le pretexte de la religion, comme ils continuent à faire par leurs menées et corruption extraordinaires. Or, tout ainsy que le dict Pape deffunt m’aimant comme il faisoit, eust peut-estre voulu s'ayder de mon conseil et entremise envers le roy d`Angleterre pour obtenir de luy quelques faveurs pour les catholiques de ses païs, aussy s‘il en eust esté esconduit et desesperé, le dict Pape eust peut-estre pris contre luy des resolutions fascheuses, desquelles sans doubte le dict Roy se fust pris à moy. De quoy les Espagnols, lesquels à l’advanture l’eussent plus irrité et poussé à le faire que moy, se fussent prevallus en son endroict. Or nous verrons quel sera le successeur que le college des Cardinaux, ou pour mieux dire le St-Esprit, luy donnera, et pourveu qu’il soit digne de ce nom, il ne pourra estre qu’il ne me soit tres agreable.

Vous m'avés escript, par vostre lettre du XVl° du passé [April 16, 1605], que j`ay receue le iiiie du present, que le dict Roy n`avoit pas encores accordé à l'ambassadeur d’Espagne et à celuy des archiducs la permission qu’ils luy ont demandée de lever des gens en ses royaulmes pour la guerre de Flandres, et qu’il estoit mal ediffié de la forme avec laquelle ils entendent d'y procéder, aussy est-elle de consequence. Toutesfois j’ay opinion qu' enfin il s`y accommodera, si les autres en continuent l’instance , et me semble que ce ne sera pas grande consolation ny revanche pour les Estats, quand il accordera pareille faveur à leur deputé.....

 

HENRY.

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