Sede Vacante 1378



Chronique des quatre premiers Valois

:

Siméon Luck (editor), Chronique des quatre premiers Valois (1327-1393) (Paris: Jules Renouard 1862), pp. 268-271:

En cel an [1378], eust à Romme grant descort, apres ce que le pape fut trespassé, à faire ung pape. Et oult entre les cardinaulx grant descord. Car les Limosins et ceulx de deça les mons voulloient faire pape de leur partie, et les Rommains et oultre montains ne vouldrent. Et pour cest debat fut levé à pape l'archevesque du Bar qui avoit nom Berthelemieu, et nommé fut pape Urbain le sixiesme. Et en cel an fut descort par entre le dit pape Urbain et les cardinaulx. Car apres ce qu'il fut oint et sacre à pape le jour de Pasques à Romme [April 18, 1378], il voult depuis ce regarder sur leur estat, et ne voult pas qu'ilz eussent si grant estat comme ils avoient eu au devant. Et pour ce qu'il les voult corrigier et leurs benefices apeticier, les diz cardinaulx se partirent de Romme et alerent en Vienne. Et ains qu'ilz partissent de Romme, dit le cardinal d'Amiens [Jean de la Grange, OSB] au pape Urbain lui respondi qu'il estoit vray pape et loialment sacré. Et de ce le dit cardinal le desmenti comme archevesque du Bar et non pas comme pape.

Comme les diz cardinaulx furent venuz en Vienne, ilz firent conclave. Et le dit cardinal d'Amiens fit venir les Bretons et gens de compaigne qui estoient en Italie pour guerroier ceulx de Romme. Et chevaucerent les dictes gens d'armes jusqu'au pont de Tybre. Là estoient les Rommains pour garder les pas. Un escuier de Normendie nommé Tournebu qui avoit bien six [269] vingt combatans soubz lui assailli les Rommains premier et puis les Bretons. Et là desconfirent les Rommains et en mistrent grant foison à mort et les firent reculer jusques à Romme. Le peuple de Romme courut aux armes et sonnerent la grosse cloche et yossirent contre les Normans et Bretons qui s'estoient retraiz. Apres ce que les Romains furent retorunes, ilz occistrent de povres clercs qui estoient venuz à graces.

Pour cest temps estoient les cardinaulx à Vienne tenans conclave pour faire autre pape que cil qu'ilz avoient fait et sacre. Le cardinal d'Amiens, qui par sa subtillete contendoit et vouloit estre pape, se traist vers les cardinaulx d'Ytalie et dit à chacun par soy qu'il lui donnoit sa voix et qu'il ne la donneroit jà à Limosin. Et leur conseilla qu'ilz donassent leur voix au cardinal de Geneve disant "Il est le plus jeune des cardinaulx, il ne pourroit estre pape." Et ilz le creurent. Or vint à ouvrir le conclave. Les Limosins vouldrent faire pape Limosin. Mais les autres cardinaulx ne vouldrent. Dont fu par entreulx dit que nul Limosin ne seroit pape. Et lors les cardinaulx d'Ytalie donnerent leur voix au cardinal de Geneve. Et aussi fit le cardinal d'Amyens, et les autres s'i accorderent. Ainsi fut esleu, levé, et creé à pape des cardinaulx le cardinal de Geneve. Et fut nommé pape Clement le septieme.

En France vindrent premierement les bulles du pape Urbain, et fut receu à pape de toute crestienté excepté du roy de France. A Paris fut fait ung concille des preslas de France et des maistres et docteurs de l'Université de Paris eu quel fut determiné que le pape [270] Urbain estoit vray pape. Maiz les cardinaulx ne le vouldrent accepter, et disoient qu'ilz avoient fait le premier par force et pour doubte que les Rommains ne les occissent, et que le second, le cardinal de Geneve ils tenoient à pape et que à eulx est le droit de faire pape, et, quelque oppinion que les prelas ne l'Université deissent, se est il à eulx de faire pape. Et à la partie des diz cardinaulx se tint le roy de France.

Apres ce, apres la Saint Martin d'yver, furent apportées les bulles du pape Clement à Paris. Et fut commandé par le roi de France qu'il feust tenu à pape, jasoit ce uqe la greigneur partie des chevaliers et du peupple tenissent l'autre à vray pape. En cest temps qu'il oult scisme et discension en coliege de Romme, comme dessus est dit, par aucuns des cardinaulx fut descript à l'archevesque du Bar non pas comme à pape et si descrivoient comme à pape. Car il estoit dit du pape Urbain que selon sa signification des papes qu'il estoit signifié à beuf et sans mittre et sans clef et que enfer l'atendoit et qu'il estoit avironné d'estoilles merveilleuses.

Le pape Urbain leur descript qu'ilz avoient fait comme firent des disciples de Nostre Seigneur Jhesu-crist en sa Passion et aussi comme les Juifz, Les disciples le laisserent: "Circumdederunt me viri mendaces, etc..... Vous qui m'avez sacré par la ertu divine à pape et sans mon pourchas en la presence di bons tabellions, si me faictes comme les faulx Juifz firent à Jhesuscrist nostre seigneur. Car comme ilz le eurent receu en Jherusalem le jour de Pasques flouries, ilz le bouterent hos et l'occistrent. Ainsi voullez vous faire. Et comme les disciples laisserent Nostre-Seigneur [271] Jhesuscrist, me avez vous laissié pour les delices mondaines et tournez aux temporalités. Apres, beaux freres, vous m' avez descript que je suys signifié au beuf. Le beuf signifie beste debonnaire et vertueuse. e vous vous radreciez vers moy, je vous seroy debonnaire. Quant saint Pierre oult regnié son createur Jhesucrist et ainsi pechié ers lui, Nostre Seigneur Jhesucrist lui pardonna. Se vous faictez ainsi comme je vous escrips et que vous vous radreciez, je vous pardonneray. Et se vous faictez comme Judas, ma sentence qui procede de Dieu vous jugera. Car entre vous à ung Judas qui tous vous tient en la voye des tenebres. Apres vous m'avez descript que enfer m'atent. Beaux freres, vous m'avez escript verité. En la cité de Napples à une partie de la cite que l'en appelle Enfer. En icelle partie demeure une partie de mon lignage. Cil à grant joye me attendent et tout le pais. Apres, beaux freres, vous m'avez descript que je suys avironné d'estoilles merveilleuses. Bien avez descript. Je vous descry que les estoiles merveilleuses signifient que j'ay creé plusieurs preudommes à estre mes freres par vostre iniquité." Moult de belles raisons leur descript le pape Urbain. Maiz onc pour ce ne vouldrent les dessus diz cardinaulx eulx radrecier. Maiz tousjours obstindrent qu'il n'estoit point pape.

Apres le pape Urbain descript à l'Université de Paris comme de la monicion des cardinaulx avoit esté enoint et sacré. Aussi escript il au roy de France et aux autres roys et haulx princes Crestiens qui tous le tindrent à pape excepté cil de France qui de rechief manda des plus notables clers de l'Université de paris, lesquelz lui distrent que le pape Urbain estoit [272] vray pape. Et non obstant ce, le dit roy de France tint le parti des dessus diz cardinaulx et tint le cardinal de Geneve à pape.

Le pape Urbain crea plusieurs prelas d'Ytalie à cardinaulx. En France, il tramist le chappel à monseigneur Philippe d'Alencon, qui fut archevesque de Rouen, puis patriarche. Il ala à Romme ou il fut grandement receu et joyeusement des Rommains. Pour lors le derrain pape nomme Clement et ses cardinaulx alerent à Fondres ou le conte de Fondres les receut le mieulx qu'il poult. Et quant le dit pape Clement sceut que monseigneur Philippe d'Alencon fut avec le pape Urbain, il en fut moult dolent et donna ses benefices.

 

September 3, 2010 9:20 PM

John Paul Adams, CSUN
john.p.adams@csun.edu

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