SEDE VACANTE 1799-1800

(August 29,1799 — March 14, 1800)


 

Charles van Duerm, SJ, Un peu plus de lumière sur le Conclave de Venise et sur les commencements du Pontificat de Pie VII. 1799-1800 (Louvain: Ch. Peeters 1896), pp. 26-31:

 

Instructions of the Austrian Government for Cardinal Herzan

(November 26, 1799)

 

Nous, François II par la grâce de Dieu Empereur élu des romains, toujours Auguste, Roi en Allemagne, de Hongrie, de Bohême, etc... de Dalmatie, de Croatie, d'Esclavonie, de Galicie, de Lodomérie et de Jérusalem, Archiduc d' Autriche, etc. etc.

Instruction secrète complémentaire en vue de la future élection pontificale, destinée à Son Éminence et Père en Dieu, Monsieur François de la Sainte Eglise romaine cardinal Herzaqn, du Saint-Empire Romain comte d' Harras, grand' croix de l' Ordre royal hongrois de Saint-Étienne, notre conseiller secret actif et evêque élu de Stein am Anger.

Cardinal Herzan, the Imperial representativeAprès avoir communiqué à Monsieur le cardinal Herzan, dans la précédente Instruction, quelles considérations et quels principes doivent inspirer le discours qu' il tiendra aux cardinaux réunis pour le conclave et le guider provisoirement lorsqu'il lui faudra leur manifester Nos intentions par rapport à l' élection du nouveau pape.  Nous Nous voyons encore obligé par les motifs les plus impérieux à lui découvrir dans ce supplément d' instruction Nos voeux et Nos ordres ultérieurs speciaux et les plus secrets.

D' une part, à cause des circonstances au milieu desquelles se tient le présent conclave, il Nous semble bon de n'y pas envoyer un ambassadeur, comme cela se pratique d' ordinaire. A côté de la question d' économie, qui s' impose d'elle-même et avec d'autant plus de raison que les autres frais déjà fort considérables du conclave sont à Notre charge, vient se placer un autre considération. Aujourd'hui, qu'au lieu de se rassembler dans les États Pontificaux, le conclave se réunit dans Nos propres province, Nous ne regardons pas pareille mission comme convenable. Nous ne la croyons pas même nécessaire pour exercer et garantir des droits attachés à Nos Couronnes Impériale et Apostolique, puisque, à la faveur des corconstances, il Nous est permis de donner des preuves si éclatantes de la protection, des deroits et des devoirs qui Nous lient envers l' Église Romaine et, le cas échéant, envers un conclave. Comme Monsieur le cardinal Herzan voit ainsi confiées à ses seules mains et de la façon la plus complète, la conduite et l' exécution de Nos desseins les plus importants et les plus équitables, il s'en suit qu'il est nécessaire de lui exposer Nos plans dans le plus grand détail et le plus confidentiellement possible.

D' autre part, tant d'exemples fournis par les conclaves antérieurs et tout spécialement par les deux derniers, (dans les meilleures intentions, mais avec des résultats très désavantageux pour Elle, Notre cour s'était abstenue d'y accréditer un ambassadeur, chargé des facultés d'inclusion et d'exclusion que jadis Elle avait toujours exercées) font souhaiter, sans qu'on ose trop l'espérer, de voir l'issue du présent conclave répondre à l'attente qu'il doit faire concevoir. La raison en est que Nous apercevons les mêmes symptômes qu'autrefois, et pourtant ce conclave s'ouvre au milieu d'un concours de circonstances, qui, on le comprend assez aisément, n'ont guère permis aux grandes Puissances catholiques de songer à une entente préalable. De plus, il est facile de voir parmi Messieurs les cardinaux autant d'opinions diverses qu'il existe en Italie de projets et de mouvements diamétralement opposés auxquels ont donné naissance la complication et l'inextricable désarroi qui règnent actuellement dans les affaires publiques et privées de la péninsule.  Ainsi donc, si, pour diriger habilement une élection qui sera si difficile à conduire au milieu de circonstance pareilles, Nous n'avions pas recours à tous les moyens que Nous offrent soit un usage qui remonte aux temps les plus reculés, soit l'état actuel des choses qui semble Nous promettre une influence considérable, Nous ne sacrifierions pas seulement tous les projets que Notre situation politique et Nos opérations militaires Nous permettent de nourrir, mais Nous exposerions en outre à un danger évident le plan et les mesures que Nous venons de prendre, en vue de sauvegarder et de consolider inébranlablement le bien-être et la paix de toute la chrétienté, tant sur le terrain religieux que dans le domaine politique.

Tout d' abord donc il Nous est impossible de cacher à Monsieur le cardinal que Nous Nous voyons obligé de persister, à l'imitation de Nos prédecesseurs, dans la voie des exceptions qu'ils ont toujours faites. Ainsi Nous Nous opposons trés serieusement à l'élection de tout cardinal qui serait originaire des États d'Espagne, de Sardaigne, de Naples et de Gênes, ou qui aurait donné des preuves de dévoûment au parti d'une des trois couronnes nommées en primier lieu. En égard à des considérations multiples auxquelles donne naissance la situation intérieure et extérieure de la France, Nous Nous voyons placé dans la nécessité d'étendre Nos exceptions aux cardinaux d'origine française et à ceux qui se seraient montrés disposés à embrasser le parti français.  Les réflexions énumerées et d'autres bien connues feront aisáment comprendre à Monsieur le cardinal que Nous devons d'une façon toute spéciale exclure absolument et formellement les cardinaux Gerdil, Caprara, Antonelli, Maury et ensuite ceux de la maison Doria qui se portent plus ou moins comme candidats.

Après avoir exposé ces graves motifs d'exclusion, si Nous venons à examiner l'ensemble des qualités que le Pontife à élire devrait réaliser dans sa personne pour pouvoir faire face aux difficultés de l' heure presente, il ne s'offre à Notre coeur paternel en proie à toutes les inquiétudes que deux sujets.  C'est pour Nous un devoir de les nommer et Nous recommandons à Monsieur le cardinal de se livrer en leur faveur aux plus actives demarches. Primo loco vient le cardinal Mattei, dans lequel plus que dans tout autre Nous mettons d'autant plus la confiance la plus entière que Nous le regardons comme le candidat le plus apte pour gouverner l'Église Catholique au milieu des périls si divers qui l'assailent de toutes parts. Ce qui Nous confirme dans Notre manière de voir, c'est que Nous ne parvenons pas à decouvrir quels motifs d'aversion Messieurs les cardinaux pourraient avec quelque fondement opposer à son élection.  Toutefois il pourrait se faire qu' au cours des opérations du conclave il s'élevât contre lui une telle opposition que contre toute attente Nous devrions bien y voir l'impossibilité de son élection.  Dans ce cas, Nous faisons connaître provisoirement et confidentiellement à Monsieur le cardinal, qu'en présence de cette éventualité Notre choix se fixerait secundo loco uniquement sur le cardinal Valenti, dont l'élection à la tiare ne donne également lieu à aucune objection sérieuse.

Nous Nous reposons donc sur le zèle et sur la fidélité parfaitement reconnus de Monsieur le cardinal Herzan.  Nous espérons que son habileté éprouvée, son expérience et sa connaissance des hommes sauront mettre tout en oeuvre pour préparer et réaliser l'élection du premier nommé, de préférence à tout autre.

A cette fin, Monsieur le cardinal s' appliquera, avec tout le soin dont il est capable, soit avec Monsieur le Cardinal Mattei lui-même, si la chose est possible, soit avec Messieurs les cardinaux qui lui sont personnellement favorable, à rechercher et à combiner les voies et moyens à employer pour empêcher la réussite d' autres projets et pour assurer au cardinal Mattei le nombre de voix requis.  Pour sa part, Monsieur le cardinal Herzan mettra très soigneusement à profit les grands et justes égards, qu'en présence de la situation actuelle et des perspectives ouvertes à l'avenir de i'Italie, Nous Nous promettons et Nous espérons rencontrer chez tous les cardinaux qui comprennent les vrais besoins et ont souci des intérêts essentiels de la Cour Romaine.  Nous Nous attendons tout particulièrement à voir de pareilles dispositions chez ces cardinaux qui en raison de leur situation personnelle ou de leurs rapports de famille ne sauraient se montrer indifférents à Notre satisfaction et à Nos préférences. Nous voulons aussi que Monsieur le cardinal Herzan ne néglige rien pour faire valoir auprès d' eux, de la manière la plus pressante, les insinuations, les recommandations et les assurances de Notre gracieuse et reconnaissante satisfaction.

Monsieur le Cardinal Herzan recourra à cette intervention, à ces voies et moyens, lorsque Notre plan viendrait à échouer et qu'il s'agirait de préparer et de réaliser le secundo loco, c'est-à-dire lorsqu'il faudrait passer à la recommandation de la candidature de Monsieur le cardinal Valenti.

Pour le moment, malgré Nos meilleures intentions, Nous ne voyons pas ce que Nous pourrions encore ajouter aux delcarations et aux ordres que Nous venons de manifester de la manière la plus confidentielle. Dans le cas toutefois où, contre Notre espérance et contre Notre attente, Nos projets viendraient à se heurter à d' insurmontables difficultés, Nous Nous en réferons aux communications plus étendues déjà touchées dans l' Instruction principale.  Nous y avons détaillé la conduite à tenir et les ordres à exécuter dans cette éventualité.  Mais il est un point que Nous rappelons très instamment à l'attention de Monsieur le cardinal Herzan. Il s'agit de la recommandation d'entretenir avec Nous une correspondance suivie, dans laquelle il Nous donnera, sur les dispositions des personnes et sur la tournure des événements, une relation très exacte ainsi que ses propres appréciations à ce sujet.  C'est avec le plus vif empressement que de Notre côté Nous renouvelons à Monsieur le cardinal Herzan l' assurance de la très gracieuse confiance que Nous mettons en lui, et celle de Notre bienveillance et amitié Impériale et royale avec lesquelles Nous sommes heureux de pouvoir continuer à lui temoigner toute Notre satisfaction.

Signé à Vienne sous Notre sceau secret ici apposé, le 26 novembre 1799.  De notre règne dans l'Empire et dans le pays héréditaires la huitième année.

FRANÇOIS.

 

Baron de Thugut.

Sur l' ordre spécial de Sa Sacrée Maj. I et R. Ap.    Egid. baron de Collenbach.

 


Both the General Instructions and the Secret Instructions, issued on November 26, 1799, were drafted by Baron Thugut [Duerm, p. 20].

 

 


BIBLIOGRAPHY

The Conclave of 1800 is discussed by Chevalier François Artaud de Montor, Histoire du Pape Pie VII second edition (Paris 1837) I, pp 80-107 [He was an ultra-monarchist and an ultra-Ultramontane]. Cf. Comte Boulay de la Meurthe, "Mémoire d' Artaud sur le conclave de Venise," Revue d' histoire diplomatique 8 (1894) 427-448. .Also consult: Alberto Lumbroso, Ricordi e documenti sul Conclave di Venezia (1800) (Roma: Fratelli Bocca 1903)   Eugenio Cipolletta, Memorie politiche sui conclavi da Pio VII a Pio IX (Milano 1863) [with documents, especially from Lord Acton and Naples];   Giovanni Berthelet, Conclavi, Pontefici e Cardinali nel secolo XIX (Torino 1903);   Gaetano Moroni, Dizionario di erudizione storico-ecclesiastica Vol. 53 (Venezia 1851), s.v. 'Pio VII', pp. 116-118. Gaetano Giucci, Delle vite dei sommi pontefice Pio VII, Leone XII, Pio VIII, Gregorio XVI, per servire di continuazione a quelle di Giuseppe Novaes Volume I (Roma 1857) 39-48 [fulsome in praise of Pius VII].   Pierre Vachoux, Extraits inedits de la correspondance & des manuscrits du Cardinal Gerdil (Annecy 1867), Chapter II, pp. 39-56.   Analecta Iuris Pontificii. Dissertations sur divers sujets de droit canonique, liturgie et théologie Troisième série, II. 1 (Rome 1858) 1107-1199. [Documents relating to Cardinal Gerdil].   Charles van Duerm, SJ, Un peu plus de lumiere sur le Conclave de Venise et sur les commencements du Pontificat de Pie VII. 1799-1800 (Louvain: Ch. Peeters 1896)   Giovanni Berthelet, Conclavi, Pontefice e Cardinali nel Secolo XIX (Torino-Roma 1903). Fredrik Nielsen, The History of the Papacy in the Nineteenth Century (tr. A.J. Mason) Volume I (London: Murray 1906) pp. 191-218.   R. Obechea, El Cardinel Lorenzana en el conclave de Venezia (1975). The alleged exclusion of Cardinal Gerdil by the pronouncement of Cardinal Herzan is discussed by Ludwig Wahrmund, Das Ausschliessungs-recht (jus exclusivae) der katholischen Staaten Österreich, Frankreich und Spanien bei den Papstwahlen (Wien 1888) 230-231. Giovanni Piantoni, Vita del Cardinale Giacinto Sigismondo Gerdil e analisi di tutte le stampate sue opere (Roma: Salviucci 1851). X. Barbier de Montault, Oeuvres complètes   Tome troisième: Rome III, Le pape (Paris 1890), pp. 185-189 [the exclusiva: two kinds, defined and illustrated]

 




 

 

link to documents on  papal  election-1199-1800





May 23, 2014 9:16 AM

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