SEDE VACANTE 1669-1670

December 9, 1669—April 29, 1670




Baron Carl Nils Daniel de Bildt, Christine de Suède et le Conclave de Clément X (1669-1670) (Paris: Plon 1906), 235-237 no. 3:

 

Report of the Duc de Chaulnes to Louis XIV

(January 21, 1670)



... Ayant envoyé en cette ville, deux jours avant mon arrivée, un gentilhomme à Mr de Bourlemont pour lui en donner avis, j’écrivis à la Reine de Suède, pour lui témoigner la joie de voir ma seconde ambassade honorée de l' honneur de sa présence et je reçus, à une journée d’ici, la réponse de la dite Reine, remplie de beaucoup de compliments, et qui concluait, que si je voulais croire mes amis, V. M. pourrait avoir tout l’honneur du Conclave.  J’eus donc ensuite l`audience de S. M., qui ne dura pas longtemps (après toutes les démonstrations qu’elIe me fit paraître de toute sorte d’estime, de respect et de passion pour les intérêts de V. M.) sans m'ordonner de quitter tous les compliments, et toutes les cérémonies, pour entrer en matière avec plus de liberté, et ayant même quitté sa chaise pour se promener, nous parlàmes de toutes choses et pour réduire une si grande matière en moins de terrain que je pourrai, j’aurai seulement l'honneur de dire à V. M. qu`il n'y a pas d’empressement qu'elle ne me témoigna pour le Cardinal Azzolin, et pour me presser de me déclarer pour lui, me faisant voir en ce cas là tous les cieux ouverts et me parlant de la faction de Rospigliosi comme de troupes auxiliaires. Je lui témoignais, Sire, que toute ma pente, suivant les ordres de V. M. allait du côté de Rospigliosi, qu'elle ne me verrait point tirer l'épée contre eux, mais qu’à parler sainement des choses, il y avait une autre question à vider auparavant, savoir : si on ne leur serait pas plus utile dans le poste où j'étais, étant bien assuré de l’affection du Roi que par l’éclat d`une déclaration qui ne pouvait que les affermir dans l`exclusion, dont ils étaient déjà les maitres, sans leur pouvoir porter l’inclusion, étant constant que les choses en l’état présent chaque parti avait l'exclusion. La Reine convint que ce parti pouvait être plus glorieux et me dit même qu`elle ne croyait pas impossible, que l’on ne pût y réussir, et comme les Cardinaux Rospigliosi et Chigi m’avaient prié de le prendre, je lui témoignais que je m’emploierais quelque jour à remettre la bonne intelligence entre ces chefs de Factions (suivant son avis) et qu`en suite je lui rendrais compte de toutes choses avec la derniére confiance suivant les ordres que j’en avais de V. M.

De ce discours, Sire, la Reine Christine passa plus avant et entra dans la discussion du mérite des Sujets Papables pour connaitre ceux qui pourraient n’être pas agréables à V. M. et ceux qui lui pouvaient plaire, et comme cette matière était assez délicate à pénétrer dans un commencement de négociation, je pris le parti de m'ouvrir à elle sur le sujet des exclusions et de traiter la matière de l'lnclusion un peu plus généralement.  Je lui dis que V. M. ne voulait pas Barberin et que les Espagnols voulaient d’Elci trop opiniâtrement. Elle me demanda comment je pouvais être ami de Chigi, et être dans ce sentiment pour d’Elci. Je lui dis que ce pouvait être par cette raison, que j`étais encore plus des amis de Chigi, puis que, quand il pourrait exalter d'Elci, ce dont jc ne conviendrai pas, l`on ne faisait de si méchants tours à ses amis, au lieu qu’étant de parti contraire, l`onavait moins de mesures à garder. Cette maxime la fit un peu rire. Et suivant ainsi la liste des Cardinaux et nommant le Cardinal Facchinetti, je lui demandais si S. M. eût été éloignée de cette Cour et que l’on lui dit l’exaltation du Cardinal Facchinetti, ce qu’elle aurait cru. Elle me dit qu’elle aurait cru que Barberin ne l’ayant pu être, il aurait donné sa place. Je lui témoignais que quoique le Cardinal Facchinetti fut un très bon sujet que l’on se pouvait dispenser de contribuer si fort à la gloire du Cardinal Barberin. Elle me dit qu'elle était bien aise d'étre confirmée par moi de ce qu’elle croyait bien, et que je pouvais m’assurerque le Cardinal Azzolin ne ferait jamais rien contre les intérêts et la volonté de V. M.

A l’égard, Sire, de l’lnclusion qui était ce qu’elle désirait le plus savoir, j’ai cru ne devoir parler de tous les Cardinaux Papables que sur le pied d’indifférents, sans témoigner plus de chaleur pour les uns que pour les autres, et que selon leur conduite dans la suite de ce Conclave, je m’ échaufferais plus ou moins pour eux, et pris toujours cette conversation sur le fondement que la désunion des Cardinaux Chigi et Rospigliosi m’avait tellement rompu mes mesures, que je n'avais qu’à prendre de V. M. de nouvelles instructions pour me conduire en cette nouvelle cour. La dite Reine me parut fort satisfaite de mon audience, qui dura plus de deux heures, et en partant me demanda encore, assez tendrement, si je n’étais pas aussi bon ami du Card(ina)l Azzolin, sur quoi je lui dis que je n'avais rien de plus à lui répondre, que je la suppliais de demander au Cardinal ce qu'il en croyait, et d' ajouter foi à ce qu' il lui en écrirait, ce qui me parut ne lui déplaire nullement.


Signé : le duc de Chaulnes




 

 

 

 

July 12, 2014 4:49 PM                

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