SEDE VACANTE 1591


December 30, 1591—January 30, 1592



Letter of Cardinal del Monte to the Grand Duke of Tuscany
Conclave report

(January 30, 1592)

 

Ferdinando Petruccelli della Gattina,   Histoire diplomatique des conclaves  Volume II  (Paris: 1864), 392-400

 

Le conclave fut fermé le vendredi à sept heures. La négociation de l`élection de Santa Severina paraissant, mûre à ceux qui menaient le conclave, et principalement à Montalto, on ne voulut pas en retarder le dénouèment. Monti vint chez moi la nuit et me dit qu'ils voulaient aller peu après à l'adoration, qu’il fallait me lever. Nous décidàmes qu’il me ferait aviser lorsque je devrais me mettre en mouvement. Peu après,—j’étais déjà en rochet, — on vient et l'on m’apprend qu’ils sont maintenant quarante et que Canano, Alessandrino, Salviati votaient avec nous. Je repris courage. On me dit d’attendre qu`ils fussent retournés. A dix heures, Orazio Mancini vint en effet, et il me conduisit che Santa Severina. Il était seul, bien que d'autres y fussent venus avant moi. Je restai là une heure. D’autres suivirent, parmi lesquels Ascanio Colonna et Terranova. Santa Severina embrassait les cardinaux en disan : Ce sera un heureux jour que celui-ci! Nous nous mimes en marche. Plusieurs cardinaux survinrent,entre autres Montalto, et celui-ci prenant Santa Severina par le bras, nous nous dirigeàmes tous vers la chapelle. Nous devions traverser presque tout le conclave, car sa cellule était dans la tour Borgia. Après avoir monté·le petit escalier, nous nous trouvàmes presque dans les ténèbres : avec nos petites bougies seulement, nous distinguions à peine les cardinaux. Lorsque nous entràmes dans la salle des Pontifes, comme l’endroit I était un peu plus large, je regardai si les frères de Saint-Dominique (les cardinaux inquisiteurs) étaient avec nous. Je ne les vis point, et je craignis qu’ils ne fussent pas tous avec nous. A quelques pas au delà, nous rencontrons le doyen. On voulait le contraindre à venir. Il y eut un peu de bagarre, car Sfondrato voulut le retenir. Le doyen répondit : Laissez moi aller tout seul! et il monta avec les autres. Lorsque nous arrivames à la salle royale, nous y trouvàmes Altemps assis. On pensa qu’il se tenait là pour se réunir à nous, et nous lui flmes nos compliments. Il ne les accepta pas, et cria que Santa Severina était le pape du diable. Nous entràmes dans la chapelle Pauline. Quatre cierges seulement brùlaient sur l’autel. On n’y ' voyait guère; et puis les conclavistes, mèlés aux cardinaux, occasionnaient une grande confusion. Le doyen commença à recommander la concorde. Il voulait gagner du temps. On pria les cardinaux de prendre leurs places; il fut impossible de l’obtenir. On demanda qu'on les comptàt. Le doyen s'imposa cette tache, et pendant longtemps il n’en compta que trois. On se ménagea toutefois de façon à rassembler tre11te·six électeurs. Mais, fut·ce par hasard ou de propos délibéré, on oublia Canano qui priait. Ascanio Colonna entendit compter trente-cinq cardinaux. Voyant alors que son vote faisait le pape, il quitte sa place et court en criant: Eh! no, per Dio, io non lo voglio; Ascanio Colonna non lo vuole!  avec un tel secouemeut de la tète et un tel battement de mains, qu’on l'aurait dit agité par quelque chose d`invisible. Il santa les escaliers de la Pauline, et en fuyant il donna dans la bougie d'un conclaviste et déchira son rochet. Il se rendit dans la chapelle de Sixte, ou se trouvaient...

La sortie de Colonna doubla le trouble. On posa la question si, avec trente-cinq votes, Santa Severina pouvait se donner l’accès à lui-mème. Les opinions se partagèrent. On perdit beaucoup de temps. On fit alors appeler ceux du dehors. Il refusèrent de venir, en ajoutant même que nous n’étionà en nombre pour faire le pape,et que, si nous le faisions, ils en nomineraient un autre. Madruzzo amusait le tapis,—dava parole,—et disait: · Ce n’estpas le moment de jeter de pareils doutes; « faites en sorte de persuader les rétifs. On gaspilla encore du temps inutilement. Le jouravait paru. Le doyen demandait du calme; car, à cause des jeunes gens qui faisaient du bruit, on ne pouvait abouti: à. rien. On décida que Madruzo et le doyen iraient parler à ceux du dehors; Ils y allèrent et firent comme le corbeau: ils ne revinrent plus. Le doyen alla à confesse. Madruzzo sarretadans la salle royale et manda au dedans qu’il était bien de dire la messe et d’aller au scrutin. On accepta la proposition de mauvaise gràce. Madruzzo et le doyen revinrent, et celui-ci célébre la messe. Il était resté longtemps pour se confesser. Il donna la communion aux cardinaux rassemblés dans notre chapelle, et le scrutin commença. On souleva la question s’il fallait donner les votes ouverts ou cachetés. Nous penchions à les donner ouverts. Ceux du dehors vinrent. Trois d’entre eux protestèrent que, sil’on ne donnait les votes cachetés, ils considéreraient l' élection comme non canonique. Nous acceptames la proposition sottement, car il était à notre faculté de donner les votes comme nous voulions. Nous mimes les votes dans le calice. Ceux du dehors les envoyèrent, comme s’ils eussent été malades. Avant qu'on ne lùt les bulletins, Santa Severina protesta que le dépouillement aurait lieu sans qu’il eût a lui porter préjudice. Cela déplnt à tout le monde. On lut les bulletins. Il manquait quatre votes. La réunion se dispersa. Aucun n’alla dans sa chambre. Uopérntiou avait duré sept heures.

Après cela, ou a perdu plusieurs jours. Colonna occupa le tapis plusieurs fois sans succès. Les adversaires de Santa Severina ne se désunirent jamais. On traita ensuite de Madruzzo, et l' affaire devint sérieuse au point que, sans Montalto, je ne trouvais pas l'exclusion. Je me serrai avec Morosino, Giustiniani et autres; Lancellotto me promit son vote. Je passai presque deux jours d’angoisses. A la fin, Montalto se décida à dire qu’il ne pouvait le soutenir en cette élection, car les siens ne l’auraient pas suivi. On répliqua: •· Qu’il apporte son vote isolé et qu'il permette aux siens de voter à leur volonté. Montalto refusa tout cela. Madruzzo quitta la partie. Les votes de Santa Severina étaient descendus à quinze. Della Rovere en réunissait beaucoup. Il espérait pour lui-même et ne votait pas pour son rival, ce qui donna lieu à plusieurs scènes comiques; car, ne sachant se refuser à Montalto, il se proposait de se cacher si l’on recommençait avec Santa Severina. Sur cela il tomba malade, et au septième jour il mourut. Salviati et Aldobrandino restaient avec des votes nombreux. Le bruit courait par le conclave que les Espagnols acceptaient ce dernier. Enlin, ils se décidèrent, et en moins d'une heure,Ie pape fut nommé. Entendant ce bruit, je me rendis chez Aldobran· dino où, Monti était déjà, et j'y restai jusqu’au moment où on le conduisit à la chapelle avec le bon plaisir de tout le monde, les vieux exceptés. Je vous dirai de vive voix pour quelle raison les Espagnols ont préféré Aldobrandino à Santa Severina. 



 

 


June 30, 2014 1:11 PM

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